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Chroniques
Affaire de l’organisation secrète : Aurions-nous dépensé des milliards pour des criminels ?
14/10/2018 | 18:30
3 min

 

Par Sofiene Ben Hamida

 

C’est peut-être la faute des réseaux sociaux et de l’usage qu’on en fait en Tunisie depuis quelques années, mais les priorités des Tunisiens laissent parfois pantois.

A l’heure où les déclarations, les révélations et les témoignages se multiplient concernant l’existence d’une organisation secrète et d’une aile militaire et sécuritaire au sein du parti islamiste Ennahdha, l’opinion publique continue à s’accrocher à des faits divers et à des déclarations d’une chroniqueuse de fortune ou d’un matelot ignare. Au mieux, pour ceux qu’on croyait les plus avertis, la volte-face, la énième, de Slim Riahi et de son groupe de béni oui-oui, était plus important que la révélation d’une organisation secrète qui a montré sa dangerosité dans le passé lointain et récent, qui a infiltré les rouages de l’Etat et qui met en péril son existence.

 

Aujourd’hui, face aux documents révélés, des témoignages directs ou indirects, il est devenu certain que le parti islamiste s’est adossé depuis des décennies et jusqu’après la révolution à une organisation sécuritaire secrète qui a infiltré l’administration, la police et l’armée. Ce comportement est bien entendu contraire à tous les principes démocratiques. Il est interdit formellement par la loi sur les partis politiques. Même les défenseurs les plus acharnés des islamistes ont fini par avouer l’existence de cette aile secrète.

 

Slah Jourchi, que nul ne peut soupçonner d’être un anti-islamiste a affirmé que cette organisation avait bel et bien existé. Il a été de loin plus courageux que   beaucoup parmi notre « classe politique » qui ont préféré passer sous silence cette affaire. Dans une manœuvre de diversion, Imed Daimi, le député du Harak, qui se veut le chantre de la transparence, a préfère se concentrer sur une pseudo affaire d’appel d’offres dans le secteur des transports que l’Inlucc aurait bâclée. Samia Abbou qui caracole depuis des mois à la tête des sondages, confirme son mutisme chaque fois qu’Ennahdha se trouve dans une mauvaise posture et se mure dans un silence coupable. Quant au nouveau groupe parlementaire, celui qui veut faire la politique autrement, aucun de ses membres n’a jugé utile de se prononcer sur une affaire qui implique le parti islamiste malgré son importance et sa gravité. L’opportunisme de cette démarche déçoit et ne préjuge rien de bon.

Ils ne sont pas les seuls malheureusement à décevoir. Les autres partis politiques n’ont pas eu un comportement plus honorable. Pourtant, cette affaire ne concerne pas le seul Front populaire et les avocats des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahemi. Elle concerne l’Etat et ses institutions. Elle concerne l’ensemble des Tunisiens qui se sont inscrits dans le rêve d’une Tunisie nouvelle. Mais pour le moment, seule l’UGTT s’est exprimée.

 

Quant aux répercussions de cette affaire, elles peuvent s’élargir à des domaines encore plus larges qui toucheraient même à une révision de l’histoire contemporaine de notre pays et au processus de la justice transitionnelle. En effet, ne serait-il pas possible que certains membres de cette société islamiste secrète aient bénéficié du processus de la justice transitionnelle ? Y- a-t-il parmi les membres de cette organisation islamiste secrète ceux qui ont profité des indemnités dans le cadre de cette justice transitionnelle alors qu’ils sont en fait des bandits et des criminels ? Aurions-nous dépensé des centaines de milliards au profit de ces criminels ?

 

Trop de questions se posent légitimement aujourd’hui sur la démarche hâtive du gouvernement de la troïka qui a imposé, contre toute logique, l’existence d’un ministère de la justice transitionnelle, s’est empressé de débloquer les indemnités des « victimes » islamistes de la dictature avant d’annuler, sans grande résistance, ce ministère alors que la liste des martyrs et des blessés de la révolution n’a pas été définie. A l’heure actuelle, cette liste n’est toujours pas publiée.

 

L’affaire de l’organisation sécuritaire et militaire secrète au sein du parti islamiste est beaucoup plus complexe que ce qu’on veut bien nous faire croire. L’ouverture d’une enquête judiciaire ne mènera à rien s’il n’existe pas une réelle volonté politique pour faire toute la lumière sur l’un des plus graves dossiers de la deuxième République. Au point où on est, la vigilance citoyenne ne serait pas de trop.         

14/10/2018 | 18:30
3 min
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Commentaires (19)

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Maher
| 17-10-2018 17:02
Organe sécuritaire, branche amrée secrète, assassinat des martyrs Belaid et Brahmi, indemnisation dans le cadre de la justice transitionnelle ....
Le véritable mal de ce pays provient de l'abscence d'une presse objective et patriote, on parle à haute voix pour répéter des idoties à tue tête.
Matraquer les esprits pour arriver à la conclusion "c'est vrai puisque tout le monde le dit",
Ceci nous rappelle les épisodes du 11 septembre, et celui de la seconde guerre du golfe.....
Dommage que Sofien fasse partie de cette troupe, il aurait pu s'en démarquer.
Le mouvement islamiste a eu au moins dans le passé une branche armée, et il est probable que cette branche soit toujours opérationnelle, sait on jamais, mais de là à affirmer que c'est Ennahdha qui a exécuté les martyrs Belaid et Brahmi, il y a un bail......
En criminologie, on commence toujours les enquêtes par la question "à qui profite ce crime?"
Pour le cas d'espèces ces deux crimes crapuleux ont eu raison du gouvernement d'Ennahdha alors au pouvoir. Affirmer qu'ils ont fait cela pour se faire ejecter du pouvoir semble grotesque, et pas digne d'un esprit normalement constitué.
D'ailleurs, de l'avis d'experts, ces deux atrocités ont été exécutées d'une manière professionnelle qui dépasse les facultés qu'on voudrait bien attribuer à des poseurs de bombe dans les poubelles....
Mais quand c'est un camp politique qui le dit (pour des raisons politiciennes), il faut le répéter pour que tout le monde l'entende puis le croit......à la Bush
Enfin même si elle dispose actuellement d'une branche armée, Ennahdha ne pourra jamais en profiter en Tunisie, et pour cause, le peuple tunisien n'a jamais joué ce jeu à travers son histoire, et ne le jouera jamais pour sûr, ce n'est pas son état d'esprit, souvenez vous de l'épopée de Ben Guerdane,
Vous pensez sérieusement qu'Ennahdha pourra faire quelque chose contre cet état d'esprit ? je suis certain que non.
Il demeure entendu que pour passer cette zone trouble, les journalistes doivent jouer leur rôle avec pour seul maitre leur conscience et leur appartenance à la Tunisie et pas à leur mouvence politique.
S'ils veulent barrer la route à Enahdha, que ce soit fait sur le champs politique, par des actions economiques et sociales et aussi sur le champs des idées par celui des intox,......ayez un tant soit peu de respect pour ce peuple.....

AVICENNE
| 16-10-2018 14:57
Mr BEN HMIDA est une plume bien appréciée en Tunisie et ailleurs. Cet article comme beaucoup d'autres, il fait honneur à l'étique journalistique qui est la sienne et à l'impartialité du contenu de son texte. La Tunisie traverse depuis 2011 une zone de turbulence aggravée qui n'en finit pas, l'usure du temps et les dégâts causés ont atteint, hélas, un point de non retour. Le dérèglement des structures même de l'état nous interpelle, le navire navigue( sans jeu métaphorique) sans capitaine, sans boussole et sans cap. Une dictature théocratique s'est installée dans le pays en peu de temps. Soyez vigilant TUNISIENS

uno
| 16-10-2018 07:32
on parle des islamistes on tunisie impliqué dans deux assassinat dont on ignore jusqu'à aujourd'hui a qui profitent le crime
tous ces partis islamique on vue le jour a la veille de la destruction des états soviétique formulé par la CIA
PHILIPPINE JABHET MOUROU
SOMALIE CHABAB
ALGERIE LE FIS
TUNISIE ENNAHDHA
ARABIE SAUDITE BEN LADEN et COMPAGNIE
le problème ne se pose pas a ENNAHDHA nous sommes tous les marionnettes des grandes puissance qui font de nous des djihadistes Reçu a la maison blanche par le président Ronald Regan Puis juste après des terroristes bombarder par George Bush en Afghanistan et capturé par tous dans le monde la seule remarque c'est que le résultats, des millions de morts dans les pays arabo musulmans Irak,syrie,algerie,le yamen ,koweit,liban, , et des assassinat politiques commanditer pour alimenter la haine entre nos citoyens

DHEJ
| 15-10-2018 20:37
La réponse est non on n'a pas dépensé des milliards

mais plutôt quand le groupe 3 a réussi a concrétiser le plan des militaires de Barraket Essahel...

Ahmed
| 15-10-2018 20:22
Et patriote.

PEUPLE GAGA.....
| 15-10-2018 15:19
la menace sur le pays est EXISTENTIELLE....et le peuple parle de foot, de nidaa, et d ennahdha.......ni le gouvernement, ni la justice, corps entier, mais surtout le procureur, d abord, et la securite de l etat........n ont BOUGE LE PTI DOIGT sur les declarations, egales a une BOMBE ATOMIQUE.........jusqu a ce jour.....mesquina tounes...pays orphelin...ce peuple ne la merite PAS....

takilas
| 15-10-2018 13:50
"Y- a-t-il parmi les membres de cette organisation islamiste secrète ceux qui ont profité des indemnités dans le cadre de cette justice transitionnelle alors qu'ils sont en fait des bandits et des criminels ? Aurions-nous dépensé des centaines de milliards au profit de ces criminels" ? Pour reprendre ce qui a été dit par Soufiene Ben Hmida.
Justement pourquoi ce questionnement survient trop tard?
C'est à partir de là que les islamistes se sont considérés commendes bandits, etbvque tous leur est permis. Ajouter à cela les faux partisans (leurs concitoyens de leur région) qu'ils ont pu amadouer par des recrutements anarchiques dans les administrations de Tunis etbceben les ramenant à Tunis, pour leur accorder, de surcroît, des prêts d'achats de véhicules et d'appartements à Tunis de même et c'est l'essentiel, car Tunis est devenue le leurre de nahdha pour leur populisme.
Sansvoublierbquenlapport banquier de ces prêts émane des prêts gigantesques accordés à la Tunisie par plusieurs banques internationales dont BM et FM I entre autres; soit un endettement jusqu'au cou.
Cette combine a donc engendré un énorme déficit à l'?tat l'obligeant à s'endetter colossalement auprès des banques mondiales, et les conséquences de ce massacre économique de la Tunisie perdure jusqu'à ce jour et ne peut cesser tant que nahdha est dans la gouvernance vu leur graves implications partout.
Par voie de conséquence devant le fait accompli, ajouter à cela les corruptionsvde nahdha, les marches parallèles dans lesquels ils sont impliqués, il sagit d'une situation économique des plus calomnieuses.

Bacchus
| 15-10-2018 11:59
« En effet, ne serait-il pas possible que certains membres de cette société islamiste secrète aient bénéficié du processus de la justice transitionnelle ? Y- a-t-il parmi les membres de cette organisation islamiste secrète ceux qui ont profité des indemnités dans le cadre de cette justice transitionnelle alors qu'ils sont en fait des bandits et des criminels ? Aurions-nous dépensé des centaines de milliards au profit de ces criminels ? ». Monsieur Sofiène Ben Hamida, vous avez roulé votre bosse depuis lurette dans le journalisme, levez la main droite et jurez de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Voici ma question : Ignorez-vous les réponses aux questions sus cités ? Autre chose voici votre assertion : « alors que la liste des martyrs et des blessés de la révolution n'a pas été définie. A l'heure actuelle, cette liste n'est toujours pas publiée. ». Etant toujours sous serment : Pouvez-vous écarter formellement la requalification dans un proche ou lointain futur des termes, martyrs, blessés de la révolution et même révolution ?


tounsia2
| 15-10-2018 10:59
Je remercie @Taciturne qui a mis l'accent sur le danger encouru par l'auteur de cette chronique qui a eu le courage de poser les bonnes questions mais qui vont sans doute déranger les islamistes et leurs collaborateurs. Nous avons en effet toutes les bonnes raisons de nous inquiéter, puisque les assassins de nos Martyrs courent toujours . . .
Aujourd'hui, l'Etat possède les preuves matérielles quant à l'existence d'un organisme sécuritaire parallèle ; La saisie de matériel d'espionnage, de munitions et autres objets prohibés par la loi chez l'ex militaire islamiste Mustapha Khedher ne laisse plus de doutes à ce sujet; Les politiciens qui ont choisi aujourd'hui de se taire pour des intérêts électoraux, doivent savoir qu'ils n'ont aucun avenir politique et qu'ils seront eux même jugés pour complicité;
La semaine dernière, le journaliste Saoudien Jamal Khachoghji a été liquidé par un organisme sécuritaire parallèle associé au régime théocratique de son pays, ceci risque de se passer sur notre propre sol si l'Etat ne fait rien et continue à se murer dans ce silence complice. Accepter l'existence de ces organismes de la terreur, accepter de laisser des hors la loi et des criminels gouverner dans notre pays, c'est condamner tout un peuple ! L'Etat doit savoir que la société civile est attentive à tout ce qui passe, que sommes vigilants et que nous demanderons des comptes à tous ceux qui ne font pas leur travail, ceux qui savent tout et qui laissent faire. . .

Taciturne
| 14-10-2018 22:18
S'attaquer d'une manière frontale à une organisation secrète et mafieuse qui plus a réussi à s'emparer de tous les rouages du pouvoir est très courageux de votre part. Votre vie est réellement en danger, ces gens ne reculent devant rien. Si vous devez mourir, vous mourrez en martyre. Ce cri que vous lancez à la société civile vous honore, j'espère qu'il sera déclencheur d'un mouvement citoyen qui se mobilisera pour dégager ces pourris et la classe politique avec. Je me demande pourquoi l'armée qui se dit républicaine ne se saisit pas du dossier, c'est de la sécurité du pays qu'il s'agit. A moins que l'armée soit à son tour infiltrée. Le mutisme de cette pourriture au pouvoir explique le poids de cette organisation secrète et ses ramifications dans tous les rouages de l'?tat.