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Affaire Ben Gharbia – Migalo : L'attente
15/03/2015 | 15:41
5 min
Affaire Ben Gharbia – Migalo : L'attente

La fin de la semaine passée a été marquée par une nouvelle « bombe » politico-médiatique avec l’arrestation et l’émission d’un mandat de dépôt à l’encontre de deux parmi les plus célèbres hommes du secteur des médias, en l’occurrence Moez Ben Gharbia et Wassim Herissi alias « Migalo ».
Un véritable coup de massue, tombé sur la scène de la presse et des médias, qui a laissé pantois l’opinion publique et qui soulève points d’interrogations et hypothèses en attendant davantage d’éclaircissements sur les tenants et les aboutissants de cette affaire.

En effet, les raisons de ce mandat de dépôt ne sont, toujours, pas claires. Ce que l’on sait avec certitude est que l’affaire est liée à une histoire d’usurpation de l’identité du président de la République, Béji Caïd Essebsi, par Migalo qui aurait imité la voix de BCE pour discuter avec un homme d’affaires tunisien, à savoir, Hamadi Touil, résidant en France depuis 2011 et placé sur la liste des personnes soupçonnées de « corruption » sous le régime de Ben Ali puisqu’il était l’associé de Belhassen Trabelsi dans plusieurs affaires.

De quoi avaient ils parlé ? Mystère ou plutôt c’est la confusion la plus totale tellement les versions sont multiples et différentes, voire contradictoires.
Ce que l’on sait encore avec certitude est que les deux journalistes se trouvent en détention dans l’attente de passer devant l’une des chambres du Tribunal de première instance de Tunis lors d’une audience, fixée au 25 mars 2015. Bien entendu, s’il n’y a pas d’évolution d’ici là. Car la date du procès pourrait être avancée et les journalistes détenus pourraient être traduits devant la cour en état de liberté si de nouvelles donnes venaient à intervenir.

En avançant ces hypothèses, on se base sur un certain nombre d’indicateurs. Il y a d’abord, cette déclaration que nous a accordée l’homme d’affaire, Hamadi Touil, affirmant qu’il n’a jamais porté plainte contre Wassim Herissi et Moez Ben Gharbia.
Pour rappel, M. Touil nous avait affirmé que l’animateur et producteur l’a appelé pour lui dire que Béji Caïd Essebsi va l’appeler. Et d’ajouter qu’il a reçu, ensuite, un appel de Wassim alias Migalo qui lui a demandé, en se faisant passer pour le président de la République, un service qui n’est pas de nature matérielle, mais lié à des preuves qu’il possède dans le cadre d’une affaire de corruption.
« J’ai appelé ensuite certaines personnes pour m’assurer que c’est bien M. Caïd Essebsi qui m’a appelé et j’ai découvert, à ma grande surprise, que ce n’était pas lui », a affirmé M. Touil avant de préciser « qu’il entretient de bonnes relations avec Moez Ben Gharbia et qu’il ne porterait jamais plainte contre lui ».

D’un autre côté, la présidence de la République a annoncé, dans un communiqué rendu public, le jour même du vendredi 13 mars 2015, qu’elle n’a aucun lien avec les procédures judiciaires en cours.
La présidence a, ainsi, précisé que cette affaire relève des prérogatives des autorités judiciaires, rappelant que la liberté de la presse et d’expression constitue un acquis, garanti par le président de la République.
Dans le même ordre d’idées, les avocats de Wassim Herissi ont annoncé avoir envoyé une correspondance au président de la République afin de lui demander de renoncer à son droit de poursuivre en justice le chroniqueur et animateur arrêté le 13 mars 2015.
La réponse de la présidence de la République leur est parvenue le soir même, selon des sources dignes de foi, et elle mentionne clairement que M. Caïd Essebsi, au centre de cette affaire puisque sa voix a été imitée, n'entreprendra pas de démarche judiciaire à l'encontre de celui qui a usurpé son identité.

Pour sa part et dans une déclaration à Business News, Me Fethi Mouldi, a affirmé que l’affaire de Moez Ben Gharbia, dont il est l’avocat, est en relation avec un travail d’investigation qui a été considéré par le parquet comme "répréhensible pénalement".
« Il n’y a ni extorsion, ni plaignant et il n’est en aucun cas question d’argent, mais d’un travail journalistique », avait-il martelé.

Par ailleurs, le porte-parole du ministère public, Sofiène Sliti est revenu, samedi 14 mars 2015, sur l’arrestation de Moez Ben Gharbia et Wassim Herissi, donnant plus de précisions sur le déroulement de l’affaire. Il a affirmé qu’aucune plainte n’a été déposée, expliquant que le ministère public peut émettre un mandat de dépôt sans pour autant qu’il y ait eu plainte.
Il a, également confirmé le fait que la présidence de la République n’a aucun rapport avec cette affaire, ni de près ni de loin, et que le ministère public s’est basé sur ses propres investigations et les informations qui lui sont parvenues, et qu’il n’a pas pris de mesures exceptionnelles dans cette affaire.

Sofiène Sliti a ajouté que l’arrestation des deux figures médiatiques n’émane pas d’une décision arbitraire ou d’une volonté de vengeance visant des journalistes et n’a aucun lien avec la liberté de presse et d’expression. « Contrairement à ce qui a été dit, le ministère public n’a pas émis un mandat de dépôt pour offense à la personne du président de la République. Il y a des procédures juridiques en cours et des informations dangereuses».

Sur un autre plan, les CPRistes sont montés au créneau, par le biais de Sihem Badi et Tarek Kahlaoui, pour dire que cette « affaire est montée de toutes pièces ». M. Kahlaoui rappelle, pour sa part, que Wassim alias Migalo avait été, récemment, la cible de pressions de la part des nouveaux dirigeants qui ont vu d’un mauvais œil ses imitations et critiques de Béji Caïd Essebsi.
Il a ainsi pointé du doigt le ministère public qui collabore, selon ses dires, avec un homme d’affaires soupçonné de corruption, en référence à Hammadi Touil. Tarek Kahlaoui a finalement assuré qu’il avait prévenu l’opinion publique que de tels actes auront lieu.

Quant à Sihem Badi, elle s’est dite prête à défendre, bec et ongles, Moez Ben Gharbia et Wassim Herissi et leur liberté d’expression, mais elle a, en même temps, dénigré Moez Ben Gharbia qui « a travaillé contre elle et ses troupes et qui avait servi avec loyauté et dévouement la contre-révolution ».

Voici ce qu’il est en est de cette affaire qui a éclaté un vendredi (décidément) et qui est appelée, selon certaines sources et autres hypothèses, à connaître des rebondissements spectaculaires au vu des noms et de la qualité des personnes qui y sont impliquées. Pour le reste, il n’y a qu’à attendre, même si l’attente paraîtra longue pour les différents protagonistes…

Sarra HLAOUI

15/03/2015 | 15:41
5 min
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Commentaires (4) Commenter
battikh ?
maya
| 16-03-2015 16:50
désolée, que fait la photo de si othman battikh dans l'article de ben gharbia /megalo ?
Un crime contre la Verité
Karnass
| 16-03-2015 15:00
Quel Etat et quel Droit ??

Ben Gharbia et Louafi ont enquété, chacun de son côté initialement, sur un dossier sensible de corruption et de malversations touchant la souveraineté nationale de la Tunisie.

Ils ont voulu mettre en lumière un crime de haute trahison auxquels sont melés plusieurs hommes d'affaires et politiques de premier plan, dévoilant des pratiques mafieuses d'une extrême gravité.

La Justice et le MI doivent plus que jamais être nettoyés en profondeur : jamais depuis l'indépendance formelle de notre nation la déliquescence de ces institutions, au profit de services de renseignements étrangers, n'a été aussi prononcée.
Bien, il faut appliquer la loi
Royaliste
| 16-03-2015 06:37
il a usurpé l'identité d'un citoyen, c'est inacceptable.
Mais qui est sauvé par le ministère public?
DHEJ
| 15-03-2015 19:45
Samir El Wafi peu respirer encore...


La sfaxienne parlera certainement si elle ne pique pas de crise cardiaque...