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Accidents de la route, ce criminel qui sommeille en chacun d'entre nous !
22/08/2016 | 19:59
3 min
Accidents de la route, ce criminel qui sommeille en chacun d'entre nous !

Le 21 août 2016,  Khalil Karoui, fils de Nabil Karoui, dirigeant à Nidaa Tounes et de Salwa Smaoui, décède dans un accident de voiture à Tunis. Le soir même, Farouk Ben Zina,  ancien chef de bureau et responsable de la communication de Tunisair, décède à son tour, sur la route Tunis-Sfax, où il devait se rendre pour assister au premier vol de pèlerinage de l’année 2016. 

Deux familles endeuillées. Un enfant fauché, comme tant d’autres, à la fleur de l’âge, un père qui laisse, parmi d’autres, des orphelins. Nos routes sont le terrain de tous les dangers, et si nous en sommes en partie responsables, c’est à l’Etat que revient la responsabilité de nous inculquer, de force s’il le faut, cette conscience salvatrice.  

 

S’il est une chose qui ne régresse pas à vue d’œil en Tunisie, c’est bien le nombre de morts sur les voies publiques. Les accidents de la route font chaque année de nombreuses victimes, de trop. 1407 morts en 2015, 1565 en 2014 et 1505 en 2013, 1511 accidents ont été dénombrés  en 2016 contre 1519 en 2015, indique le ministère de l’Intérieur.  Des chiffres alarmants, mais surtout ô combien évitables.  

Ailleurs, dans les pays démocratiques, les accidents de la route font partie des thèmes de campagne privilégiés des candidats aux élections. En Tunisie, aucun homme politique n’en parle, alors que les solutions existent et que le thème est porteur en voix.

Prendre la voiture en Tunisie est devenue une véritable aventure pour l’autochtone et un cauchemar pour le visiteur. Griller un feu rouge, ne pas serrer à droite sur l’autoroute, ne pas respecter les priorités, emprunter les routes à sens interdits, dépasser les files d’attente des voitures par la droite ou par la gauche pour faire ensuite des queues de poissons sont devenus un véritable sport national.

 

Il y a dix ans, dans l’Algérie voisine, la situation était pareille. Ils ont fini par mettre le holà avec une application stricte du code de la route. Des agents des forces de l’ordre dans tous les coins de rue et des verbalisations sévères à outrance pour chaque infraction ont suffi pour que les Algériens roulent, désormais, comme des Scandinaves. La solution est visiblement simple et se résume en deux mots : appliquer la loi !

En Tunisie, on constate un certain laxisme, parfois apprécié d’ailleurs par les chauffards, des agents des forces de l’ordre, face à des infractions plus ou moins graves. Les automobilistes commettent, souvent, des incartades sans en être inquiétés, ou peut être alors juste illégalement pénalisés moyennant une « amende » directe. Il est de même courant d'assister à des spectacles, un samedi soir, ou un jour d’aïd de conducteurs saouls zigzaguant entre les voitures.

Ces comportements et ces faits dénotent de deux choses, dont l’une est la conséquence directe de l’autre : les forces de l’ordre n’appliquent pas drastiquement la loi et les Tunisiens sont inconscients et certains sont, il faut l'avouer, peu civilisés.

 

Il y a en Tunisie 1.2 millions de véhicules qui empreintent les routes tous les jours. Si les agents de la circulation étaient postés partout, si chaque infraction était relevée, comme il se doit, et chèrement facturée sur celui qui la commet, le calcul serait simple à faire. Si chaque véhicule rapportait annuellement à la caisse de l’Etat ne serait ce que 100dt, cela se chiffrerait à 120 millions de dinars qu’il serait possible d’utiliser pour rénover les routes et en commissions accordées aux policiers, qui ne seraient plus tentés de les demander directement chez les chauffards.

Au lieu de cela, tout encourage le Tunisien à tenter de survivre, par tous les moyens, dans cette jungle que sont nos routes, au péril de sa vie et de celle des autres. Chaque Tunisien au volant est tenté de devenir un criminel car chaque feu grillé, chaque dépassement irrégulier, chaque excès de vitesse, est un crime, commis en son âme et conscience, car impuni.

 

Khalil Karoui, Farouk Ben Zina et nombreux autres qu'ils soient proches ou qu'on ne les connaisse pas, ne seront plus que des noms gravés sur cette stèle morbide de l’incivisme et de l’absence d’une volonté politique, la plus noble de toutes, celle de protéger les citoyens.  

 

 Photo d'illustration

22/08/2016 | 19:59
3 min
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Commentaires (73)

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Tadhamen
| 24-08-2016 11:27
pour dire que la gestion par l'état tunisien de ce problème gravissime est en dessous de tout. Et c'est un euphémisme. J'ai vu l'autre jour au centre-ville de Sousse un policier faire une remontrance polie et appropriée à un automobiliste et se faire copieusement insulter en retour. Le policier nous a dit que c'était assez fréquent. L'automobiliste a continué sa route comme si de rien n'était. Rien à battre, quoi ! C'est intolérable. Le manque de civisme est intolérable. Espérez ensuite que les policiers ne soient pas agressifs en retour...
Quand le civisme ne rentre pas dans les esprits de gré, alors il faut l'y faire rentrer de force.
Si quelqu'un nous lit en haut lieu, à bon entendeur...

Letranger
| 23-08-2016 18:36
Je ne sais pas ce que tu as voulu dire, mais c'est pas grave, pour moi, tu es la "page publicitaire" de BN.
Quand on bien discuté, il y en a une, toujours la même, qui vient sortir sa connerie, ça repose, ça distrait. Quoi que... pas tout le temps.

nazou
| 23-08-2016 18:04
Mes compatriotes méritent amplement les .......
tuuuuuuuck tuuuuuck !!!!!

Et encore !!!!!!

HatemC
| 23-08-2016 18:04
Le parcours du combattant et cela chaque jour ... revivre la même journée avec les mêmes infractions ... ça doit être lassant et frustrant ... HC

Letranger
| 23-08-2016 17:44
C'est de l'humour... un peu sarcastique, comme j'aime.
Cependant, alors que j'étais à Mahdia il y a quelques années, une voisine à eu son fils militaire tué accidentellement pendant son service.
Ecrâsé par un camion je crois me rappeler.
Ma femme de l'époque, qui l'est toujours actuellement est aller la voir pour les condoléances. En Arabe bien sur, je n'ai rien compris, si seulement la mère qui a dit par trois fois "Allah ouakbar".
Je dois dire que si un de mes enfant mourrait accidentellement ce ne sont pas les mots que je prononcerais.

1/3i
| 23-08-2016 17:42
je n'ai pas de soucis : moi-même, je ne suis pas forcément un exemple.

Le démon sommeille toujours en nous quand nous nous retrouvons derrière notre volant.

La seule différence : quand je conduit, je ne fais rien d'autres : pas de téléphone, pas de discussion endiablée.. juste la route, et les possibilité d'incidents....

PS. vous verrez le commentaire d'un trajet ordinaire que j'ai posté juste après.. en espérant qu'il est passé.

1/3i
| 23-08-2016 17:36
chanson qui a plus de 25 ans :

https://www.youtube.com/watch?v=zglg3WiNhcw

un résumé de cette hécatombe quotidienne !

1/3i
| 23-08-2016 17:34
le trajet : cité des juges à la marsa, via l'école Française, et en route pour le Kram. le out à l'heure de la dépose des enfants à l'école le matin.


On commence par le 1er stop, où des véhicules doublent la file de véhicules arrêtés, pour gagner 1 mn. Si une voiture arrive en face : comment on fait ?

Je tourne à gauche, alors qu'un véhicule double notre file, tout en grillant le stop : il m'insulte !!

Quelques centaines de mètres plus loin, une maman sort de son garage, sans regarder. Coup de freins, mais le véhicule qui me suit en me collant a failli perdre son radiateur !

Je rejoins la route principale de la Marsa, par une petite rue qui a priorité (Oui, chers tunisiens, la priorité à droite en Tunisie fait partie du code de la route); insultes parce que je le prends = c'est moi le conducteur dangereux (les véhicules le matin en centre ville roulent au pas).

Feux rouge au niveau de l'ATB pour aller vers Sidi Bou : entre ceux qui grillent dans les autres sens, ceux qui déboulent du sens interdit venant du parc de la marsa, faut jongler, et avoir un regard à 360° !

On approche de l'école française, et du lycée Tunisien de la Marsa : alors là, les voitures viennent de partout contre sens en double file, sens interdits (parfois ce sont des auto-écoles), prennent les virages à la corde, doublent à forte vitesse en slalomant entre les enfants et adolescents... Voitures arrêtées au milieu de la route pour déposer les pauvres petits chéris qui ne peuvent marcher 50 mètres....

Ouf, mes enfants sont en sécurité, sur le bon trottoir..

Direction le kram en passant par le cimetière militaire de la Maalga. Les joggeurs qui courent au milieu de la route, avec l'Ipod sur les oreilles. Rond point de de la route du palais présidentiel : un papa roule, son enfant de 3 ans sur les genoux, le téléphone dans une main, pas de ceinture. Au moindre problème, un coup de frein : un petit ange rejoindra ses ancêtres.

Le feu passe au vert, mais toujours vérifier que toutes les voitures ont stoppé. Je passe devant la colline Byrsa, et 2 taxis doublent la file de voitures qui attendent le feu vert..

Passage par mohamed V au kram ouest : un bus chargent les passagers, alors plusieurs véhicules décident de doubler en passant de l'autre côté du terre-plein central : Inchallah ça va passer.. mais un piéton traverse, et cet idiot ne pense pas à vérifier qu'une voiture n'arrive pas à contre-sens : c'était son jour de chance, c'est passé.

Chronique d'un trajet habituel sur les routes de banlieue un matin ordinaire.

HatemC
| 23-08-2016 17:34
Je me permets de répondre sans être visé par votre commentaire ... pour ma part j'ai bien dit que conduire en Tunisie est flippant ... les mauvais reflexes généralisés prennent le pas sur ceux qui essaient de faire au mieux ... pour exemple ... les passages piétons existent mais ne sont jamais respecter par les automobilistes ... si vous vous arrêtez ... vous êtes incendiés et insultés ...
La voiture en Tunisie n'est plus un moyen de locomotion ... mais devenu un engin de mort ... les statistiques données avec 1600 morts en Tunisie dû aux accidents est en dessous de la vérité ... les vrais chiffres ne seront JAMAIS divulgués ... Cdt ... HC

Tounsia
| 23-08-2016 17:11
On se demande si les responsables et decideurs conduisent eux même ou bien ont des voitures luxueuses conduites par des chauffeurs personnels . A qui incombe la faute de ce laisser aller sur nos routes? D'abord il faut veiller à former les policiers pour surveiller et verbaliser les non- respectueux du code de la route et être stricts dans l'application de la loi . Il faudra mettre des caméras de surveillance aux points sensibles et adresser des amendes aux propriétaires des voitures qui font des infractions . Assurer une meilleure formation par les auto écoles et penser à passer un test d'aptitude psychologique aux chauffeurs de poids lourds ,des louages , des taxis et des bus. Interdire la circulation avec des files en 3ème et 4ème position pour les voitures . Surveiller les motards qui font des acrobaties et les verbaliser . Faire des spots publicitaires d'éducation pour la population . Et surtout améliorer l'infrastructure :routes ,signalisation passages piétons, dos d'âne ...
Ce n'est qu'en renforçant la prévention que le nombre de morts par accidents baissera .
Et puis n'oublions pas que notre façon de conduire reflète notre degré de civisme.