Fondée en 1947 par Mohamed Chamam, l’UTICA d’aujourd’hui, était à l’origine, « le syndicat » chargé de défendre l’intérêt des petits commerçants, artisans et petits métiers face au colonisateur français. Une organisation qui, dès sa création, a dû faire face à la violence et à la répression du « protecteur ».

Sous l'impulsion d'hommes de grande envergure tels que Farhat Hached, « le syndicat » se transforme en une entité combattive dont les énergies n’ont cessé de croitre depuis lors.

"Comment pouvons-nous résumer soixante-dix ans de lutte, d’efforts, de dévouement et d’épreuves par des mots ?" S'était demandée Wided Bouchamaoui dans son discours de bienvenue, donné lors de la cérémonie organisée à l’occasion des 70 ans de l’UTICA.  "Soixante-dix ans se sont écoulés depuis sa création au cours desquels l’UTICA a vécu et participé à toutes les étapes saillantes de l'histoire moderne de la Tunisie", a-t-elle souligné lors de cette cérémonie.

Depuis sa création, l’UTICA a été un acteur décisif dans le soutien au Mouvement national de résistance contre les autorités coloniales. Elle a aussi grandement contribué au développement de la Tunisie moderne et au soutien de son économie en développant l’entreprise nationale et en encourageant sa mise au niveau des normes internationales. Elle a aussi joué un rôle clé dans la promotion de l’économie nationale à un niveau régional mais aussi international.

Après un bref rappel historique, la présidente de l’organisation, a souligné le "travail considérable de modernisation" effectué par Hédi Djilani, son prédécesseur, présent dans la salle. "Il a aussi contribué durant son long mandat, à augmenter le rayonnement de la centrale au niveau international, lui permettant ainsi de présider des instances mondiales de premier plan dans le domaine des affaires", a-t-elle dit. On lui reconnait également une forte promotion de la femme et de la jeunesse dans la structure, leur permettant d’accéder, comme c’est le cas aujourd’hui, à la direction de l’organisation.

Lors de cette soirée anniversaire, trois annonces importantes ont été faites par Mme Bouchamaoui. La première concerne l’Académie de l’UTICA. Elle sera créée très prochainement et visera à rendre les chefs d’entreprises, les dirigeants syndicaux et les cadres de l’organisation plus efficaces, par l’appropriation des outils de travail modernes et nécessaires. Elle constituera également, un cadre de réflexion et de formation dans les domaines économiques et sociaux qui aidera l’organisation à faire face à son environnement et à s’adapter aux changements. Cette académie sera ouverte aux institutions de recherche et aux établissementsuniversitaires et scientifiques. Un pont entre le monde des affaires et celui de la recherche.

Deuxième annonce phare de la soirée, la création de la « Fondation UTICA ». Vouée à soutenir des projets à caractère social et caritatif sur tout le territoire, cette fondation confortera la dimension citoyenne de l’organisation, renforçant le lien qu’elle entretient avec toutes les franges de la population. « Nous mettrons comme priorité absolue les préoccupations des citoyens tunisiens, et leur aspiration pour une vie digne. C’est notre devoir envers notre patrie ! », avait dit la responsable de la centrale patronale, en faisant l’annonce devant un parterre de dirigeants politiques et économiques nationaux et internationaux.

Le chef du parti islamiste, Rached Ghanouchi, a fait une brève apparition en début de soirée, suivi par le chef de l’Etat. Sur la scène où il était présent, avec Wided Bouchamaoui et Houcine Abbassi, Béji Caïd Essebsi a rappelé avec humour le contrat qui les lie aujourd’hui et " sans lequel le pays ne serait pas stable ", en l'occurence l’Accord de Carthage. "Il s'agit de l'un des pilliers de l'Etat, avec l'UGTT et l'UTAP", a-t-il souligné.

Le chef de l’Etat a, avant cela, visité le long couloir de l’édifice, tapissé de tableaux qui retracent toute l’histoire patriotique de l’organisation depuis sa création, jusqu’à ce jour.

 Même si les relations n’ont pas toujours été au beau fixe entre le patronat et le syndicat, la présence de Houcine Abassi, SG de l’UGTT, a renvoyé un message positif quant à l’avenir des collaborations liant les deux unions. Dans son discours, prononcé à l’occasion, Abassi s’est félicité du « consensus », auquel sont parvenues l’UTICA et l’UGTT rappelant, dans ce sens, la signature de plusieurs accords sur les augmentations salariales.

On rappellera, par ailleurs, que l’UGTT et l’UTICA, ont été, côté à côté, parmi les acteurs phares du Dialogue national récompensés par un Prix Nobel de la Paix en 2015. Une consécration mondiale des efforts des membres du quartet qui, en travaillant ensemble, ont réussi à réunir toutes les parties sur la même table de dialogue. Il s’agit aussi d’une reconnaissance du succès du dialogue social et politique en Tunisie qui a permis de surmonter la crise qui secouait le pays à cette époque.

Lors de cette cérémonie, la troisième annonce de la soirée faite par Wided Bouchamaoui : le lancement du concours de l’UTICA pour l’innovation sociale. Pensé pour encourager la recherche, l’innovation et en vue d’appuyer le concept d’entreprise citoyenne, trois prix seront accordés aux institutions qui se distingueront par leur expérience dans le domaine de l’innovation sociale, avec à la clé des récompenses financières.

 « Nous avons été au cœur de toutes les batailles livrées par notre pays et nous avons mis son intérêt au-dessus de toute autre considération. Nous continuerons sur la même voie et nous porterons la Tunisie dans nos cœurs » a dit en conclusion la maitresse des lieux.