alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 08:34
A la Une
10e Congrès d'Ennahdha : Le revirement tactique du mouvement islamiste
16/05/2016 | 19:58
6 min
10e Congrès d'Ennahdha : Le revirement tactique du mouvement islamiste

 Ennahdha, désormais premier parti de Tunisie après les défections dans les rangs de Nidaa Tounes, se prépare à tenir son 10e Congrès du 20 au 22 mai 2016. Un rendez-vous tant attendu et préparé avec minutie par les adhérents, d’autant plus que les dirigeants n’ont eu de cesse d’annoncer de nouvelles orientations qui découleront de ce congrès. Ennahdha se prépare à un changement de cap et aspire à renvoyer l’image d’un parti qui évolue, un parti qui bouge et qui ne craint pas de se renouveler. Pour ce faire, toute une stratégie, bien étudiée, a été mise en place pour garantir l’application des nouvelles orientations du mouvement.

 

Il était prévu que le 10e Congrès d’Ennahdha soit organisé en 2014. Mais sa préparation coïncidait avec les élections législatives et présidentielle, ce qui a mené le Conseil de la Choura à décider de son report suite à un referendum des membres du mouvement en Tunisie et à l’étranger. A l’examen, l’évaluation générale de l’expérience d’Ennahdha et sa nouvelle stratégie. Un travail monstre a été effectué pour arriver au congrès du week-end prochain. Deux commissions centrales élues par le Conseil de la Choura ont travaillé sur la préparation du congrès. Chacune de ces commissions comportant des comités régionaux avec plusieurs sous-comités. Il faudra relever que le programme du congrès a été lancé dès décembre 2015. En Tunisie et à l’étranger, ont été organisés pas moins de 279 congrès locaux, 24 congrès régionaux et 8 congrès sectoriels.

 

Dans sa présentation consacrée à son 10e Congrès, Ennahdha explique que ce rendez-vous, de la plus haute importance, intervient dans un contexte dans lequel le parti « projette de se renouveler, de façon à augmenter sa popularité, comme étant un parti politique démocrate, ouvert et basé sur la référence islamique », et ce tel que défini par la Constitution. Ennahdha, dans son discours officiel, espère qu’il pourra, après avoir bénéficié de son expérience au pouvoir, réussir à renouveler son projet et ses choix.

Business News a révélé dans un article les dessous des préparatifs du Congrès. En exclusivité, nous nous sommes procurés un document récapitulant les motions qui seront discutées et votées lors du 10e congrès. Une évaluation de son bilan sous la Troïka et ses directions nouvelles seront à l’examen.

 

Placé sous le signe du renouveau, ce congrès discutera d’un « revirement » idéologique de taille comme le présentent les dirigeants du mouvement.

Depuis quelque temps déjà, les leaders islamistes et, à leur tête, Rached Ghannouchi assurent que le congrès traitera de la séparation de l’action politique de celle de la prédication. De quoi s’agit-il réellement, sachant que le fondement même du parti n’est autre que l’aspect religieux? Dès cette annonce, les observateurs de la scène politique tunisienne ont été partagés sur les véritables desseins d’une telle décision. Serait-ce une énième « ruse » politique du mouvement islamiste, cherchant à se redonner une virginité et à vendre une nouvelle image, qui colle plus à la réalité de la société tunisienne? Le doute est permis. L’identité d’Ennahdha, descendant direct du Mouvement de la tendance islamique (MTI), a pour socle le mélange du religieux et du politique. Comment les séparer dans ce cas? Cela ne créerait-il pas pas des remous chez ses adhérents, qui se verraient désormais appartenir à un parti politique comme les autres? Les travaux du congrès nous en diront plus…

En gros, ceux d’Ennahdha qui choisiront de continuer les actions de prédication, seront dans l’obligation de créer des associations qui y seront consacrées, toujours dans le cadre du respect des lois régissant les associations. Ils devront quitter le parti et œuvrer dans le cadre de la société civile. Pour les autres, ceux qui choisiront l’action politique, ils se consacreront exclusivement aux activités partisanes et abandonneront irrémédiablement la casquette de la prédication.

Cette décision est confortée par les débats tenus lors des congrès locaux d’Ennahdha, où la balance a penché pour l’action de prédication en dehors du parti. Or, en fins tacticiens les « Frères » tunisiens ont su montrer dans les différentes étapes politiques post-révolution, leur aptitude à muer en fonction du climat général. Tout en assurant la survie du mouvement, on fait en sorte qu’il évolue et qu’il se rapproche le plus de sa « tunisianité ». Il faut dire que la société tunisienne, après le passage au pouvoir d’Ennahdha a rejeté, en partie, l’islam politique. Un récent sondage Sigma, révèle que 72,8% des Tunisiens revendiquent la séparation entre les sphères politique et religieuse, alors que seulement 21,8% sont contre.

 

Sur ce coup, Ennahdha a tout compris. Il voudrait brasser large dans un électorat conservateur, certes, mais qui reste plus ou moins hermétique à l’islam politique. Le Congrès qui tranchera sur cette problématique, insérera le parti dans une nouvelle orientation inédite, voire historique, pour le mouvement d’obédience islamiste. Toutefois, le parti saura-t-il s’en tenir à cette décision ? Comment définira-t-il cette ligne de démarcation entre le religieux et le politique ? On a vu au cours de ce week-end deux députés d’Ennahdha, en l’occurrence Sayida Ounissi et Houcine Jaziri, participer à la rencontre annuelle des musulmans de France. Mme Ounissi intervenait aux cotés de Tariq ramadan à une session intitulée « L’Islam politique existe-t-il ? ». Il est évident qu’Ennadha ne se transformera pas en un parti laïc et ne reniera pas pour autant son identité islamique.

 

Outre ce point de la plus haute importance, notre futur « ex-parti islamiste », tracera, au cours de son congrès, les grandes lignes de sa stratégie à venir sur la base d’une évaluation de son expérience passée. Ennahdha a des enseignements à tirer de son passage au pouvoir et l’autocritique est de mise pour qu’il puisse aller de l’avant. La question du partage du pouvoir et les alliances à venir, la question de la reconduction ou non de Rached Ghannouchi à sa tête, celle de la réorganisation de ses structures, du changement de son nom ou encore de sa nouvelle stratégie de communication, sont autant de sujet qui seront débattus lors de ce 10e congrès.

 

Le week-end prochain, s’ouvriront les travaux du congrès tant attendu d’Ennahdha, en présence, fort probablement du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi qui a reçu son invitation de Rached Ghannouchi. Evénement politique majeur eu égard au poids d’Ennahdha sur la place. Le mouvement Ennahdha se prépare à faire « peau neuve » et à opérer son virage stratégique. Parti devenu incontournable de la scène politique tunisienne, le mouvement ne cesse d’évoluer et d’opérer des mues, loin des calculs puérils. En mieux ? Le temps nous le dira. Aux autres d’en prendre de la graine…

 

 

Ikhlas Latif

16/05/2016 | 19:58
6 min
Suivez-nous

Commentaires (16)

Commenter

takilas
| 19-05-2016 14:04
IL confirme qu' il s'agit d'une duperie que d'utiliser l'Islam. Il faut donc demandes des pardons publics d'avoir utilisé cette arnaque ou plutôt ce délit de moquerie envervs ces pauvres gens qu' ils ont supposé certainement qu' ils sont naifs.

Le Demystificateur Universel
| 18-05-2016 14:37
Une vipere,meme apres sa mue,reste une vipere.

canalou
| 18-05-2016 13:19
je ne suis pas d avis a dire que le parti nakba manque de popularite a cause de l islam foi . l islam jihadiste utilise politiquement est a proscrire definitivement en politique et en dehors dans les mosquees et les associations . LE JIHAD qui forme des terroristes est une erreur a combattre par tous . CETTE girouette pratiquee par la nakba est une manoeuvre diabolique .L appartenance aux ikhouanes consideres comme terroristes est un nifaq

Amilcar
| 18-05-2016 11:56
Revirement? Il n'y a de revirement qu'aux incrédules qui veulent bien y croire et les autres: les indécis, les vulnérables, influancables aux sirènes et aux chansons du parti religieux, croyant dur Comme fer, que Dieu est référant à tout problème. Le reste pour convaincre et remplir l'électorat, c'est l'argent. Du jour au lendemain vous devenez Pur, Pieux, Honnête, Travailleur,Respectueux, Propre, Modeste, vous enlevez votre cravate et vous vous enveloppez minimalement,la tête d'un foulard signifiant ainsi que contrairement au monde impur qui vous entoure, vous, vous. Vous représentez la Sainteté incarnée, les représentants de Dieu sur terre,c' est pas rien. Vous êtes en droit d' être félicités, voyons que dis-je! Adorés!, Vénéres!! Sans vous la société n' est rien!
Les ermites indiens qui vivent reclus,isolés, dans le dénuement le plus complet TOUTE UNE VIE pour atteindre le Nirvana, L'état de pureté extrême pour se rapprocher un tant soit peu du vrai, du subtil du transcendant. À côté de vous y à pas photo, c'est de la petite bière

'' un parti democrate démocratique, ouvert, basé sur la référence islamique'' vous dites.
TOUT ET SON CONTRAIRE. Vous utilisez toujours la ruse et le double langage.vous essayez de tromper les incrédules et les ignorant. Mais surtout vous faites plaisir aux ennemis de la Tunisie. Ceux -là. D'abord, vos frères, les frères de vos frères, les cousins éloignés néanmoins sémites de Sion et leur néanmoins catholiques demis frères D'Europe et D'Amérique, mûs tous par un amour incommensurable pour le progrès et L'émancipation de notre Chère Tunisie
C'est grâce à vous tout ça, les frères! Grâce à l'argent, par votre assiduité et votre Pureté retrouvée, coule à flots.il suffit d'invoquer Dieu et ô Miracle!

Donc, vous vous prétendez démocratique, mais vous voulez gérer la société sous référant islamique!
Expliquez -nous ça!
Vous allez, fermer les restaurants pendant le mois de Ramadan, vous allez mettre sur pieds une police religieuse, vous allez pourchasser les non geuneurs.Vous aller stigmatiser les les athées, agnostiques. Les laïcs. Il va Y avoir les pratiquants, bon musulmans et les mauvais, les koffars. Les bons croyants et les mécréants. Les femmes voilées, sinon mises à l'index ouvsujettes aux pires violations, en plus de la perte de leurs droits si durement acquis, sans parler du droit à l'héritage à part égales exclu d' office.
Vous renoncez à la prédication? Mais vous la sous-traitez dans les mosquées en expansion jusqu'à L'aboutissement le plus total de prêches extrémistes, de lynchage,et d'incitation au meurtre de citoyens innocents. Vous ne dénoncez pas et vous ne condamnez pas. Bien évidemment

Que serait-ce lorsque vraiment vous instaurreriez la République Islamique de vos rêves. Hum! Sa sonne comme État Islamique ça

Votre politique, n'a aucun avenir. L'hypocrisie, le mensonge, l'abus des ignares et des incredules,votre référant religieux ne vous donne pas pour autant une Sainteté politique, de plus que vous salissez la région et les vrais croyants
Vous dirigez le pays au précipice et vous donnez des cadeaux et du crédit aux ennemis de la Tunisie

Eux. Pendant ce temps ils avancent







Salem
| 17-05-2016 19:02
Sur tous vos commentaires vous parlez de régionalisme et de Tunis et êtes obséder par les sudistes. C'est dur d'admettre que la Tunisie appartient à tous les Tunisiens et que chaque Tunisien à le droit de s'installer et d'habiter où il le souhaite et ce du nord au sud et d'ouest en est, Tunis ne vous appartient pas mais appartient à tout le monde et j'espère pour votre bonheur que les sudistes vont continuer à s'installer en masse à Tunis et dans les grandes villes.

Zorro
| 17-05-2016 17:53
Le temps nous le dira? Cette dernière phrase veut tout dire. La politique est faite de haut et de bas. En ce moment, nous assistons, non pas à un revirement tactique, mais à un simple congrès d'un parti politique. Cette surmédiatisation sous-entend l'importance de ce parti en Tunisie. Cette scission entre la prédication et la politique, est un geste fort, à saluer. Or en lisant cet article, on sous-entend vers la fin (avec "le temps nous le dira") qu'il n'est pas sûr que ce "revirement" soit véritable. Tant que ce parti travaille dans le cadre démocratique, je ne vois pas en quoi le diaboliser. Après tout, c'est l'un des seuls partis politiques (à travers ces différents conseils de la choura) à prendre des décisions de manière collégiale. Il me semble que ce n'est pas le fort de Nidaa ces derniers mois. Et concernant les calculs puérils, il me semble que nous sommes en démocratie depuis le 14 janvier 2011. Si calcul il y'a, le résultat se trouvera dans les urnes. Ennahdha a gagné les 1ères élections, puis a perdu les 2nd... C'est le dur apprentissage de la démocratie. Mais çà, pas tous les tunisiens et pas tous les partis politiques peuvent s'y identifier.

IBN KHALDOUN
| 17-05-2016 15:47
Les commentaires politiques diffusés par les médias sur la place publique sont consternants et je dirai même attristants . l information est transmise avec une subjectivité déconcertante voir inquiétante. R. GHANNOUCHI jubile devant ce médiocre parterre médiatique voué à sa cause, aucun journaliste digne de ce nom n'a osé le mettre devant ses contradictions et ses propres mensonges qui sont pourtant évidents.

Bourguibiste nationaliste
| 17-05-2016 14:46
Le drapeau national n'appartient pas aux islamistes. Ils l'ont usurpé et c'est un scandale. Il faut réagir et dénoncer ces malfrats qui ont usurpé notre symbole national, alors que les islamistes sont opposés à la nation tunisienne qu'ils veulent détruire.

takilas
| 17-05-2016 14:31
Nahdha se permet même d'intervenir pourde permuter des employés (dont la plupart dépassent la quarantaine d'âge sans niveau ) d'une administration (Ministère et sociétés ) à une autre sur avis de nahdha. On assiste ces derniers mois à toutes ces combines, alors que tous les autres employés de ces administ eerations regardent avec stupéfaction tout ce manège et savent pertinemment qu' il s'agit de manigances de nahdha dont son but essentiel sur la capitale et faire barrage à ses originaires d'être recrutés. De rappeler que les originaires des autres villes refusent catégoriquement de se faire recruter dans leurs villes originelles respectives (*) ; c'est d'ailleurs une obsession qui commence dès leur jeune âge et persiste, comme on vient de le mentionner, lorqu'ils deviennent plus âgés.

AH
| 17-05-2016 13:10
Au moment où notre drapeau a atteint le sommet de Everest, exploit que l'on voudrait pour longtemps, Ennahdha vient de faire le trouble fête en défigurant notre drapeau dans son slogan.

Le gouvernement, la présidence de la république et la chambre des députés doivent réagir pour sauver notre drapeau.